La lande de Coet Ruel

Des étudiants du BTSA GPN (Gestion et Protection de la Nature), du Lycée Kerplouz-La Salle à Auray ont réalisé un chantier de génie écologique, inscrit dans leur cursus, sur la lande de Coët Ruel, à la Vraie-Croix, le 13 novembre 2024. Cette action a été réalisée dans le cadre du Projet Tutoré, projet de groupe se déroulant chaque année pour les étudiants.

Une action de gestion avait déjà été réalisée par leurs prédécesseurs, en 2021. Celle-ci était focalisée sur la dévitalisation de Bouleaux verruqueux par cerclage et la diminution de la dynamique du Raisin d’Amérique, Espèce Exotique Envahissante.

Ce projet répond à une commande demandée par le Conseil Départemental du Morbihan (CD 56), en lien avec Julien BROTHIER, éleveur de brebis à la Ferme de Coët Ruel. Le site, de 4.4 hectares, est séparé en deux zones distinctes : la lande moyennement sèche (méso-xérophile), sur la partie nord du site, et la prairie humide, au sud. Le but de ce projet est d’apprendre aux étudiants la rédaction d’un Plan de Gestion et de mener un Projet du début jusqu’à la fin.

Le groupe de 4 étudiants est soutenu et suivi par la Commune de La Vraie Croix, notamment par l’adjoint environnemental, Mickaël PRIME. La commune est propriétaire des parcelles de la lande de La Vraie-Croix. Le Département du Morbihan apporte également un soutien, majoritairement sur l’aspect technique et écologique, aux étudiants. Laurent PERIGNON, gestionnaire d’Espaces Naturels Sensibles (ENS) au CD du 56 est le professionnel qui suit les étudiants. Il est également le co-gestionnaire du site, ainsi ce dernier est labellisé ENS. Le département conseille la commune sur les actions et mesures de gestion à appliquer au site, car la conservation de la lande est un enjeu patrimonial et écologique.

Pour répondre à cette commande, des diagnostics écologiques (inventaires, relevés etc) et des réunions avec les différents acteurs ont été réalisés. À travers la réalisation de ces protocoles, la présence de plusieurs espèces landicoles (espèces trouvées dans la lande) a été détectée : l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus), espèce vulnérable et à enjeu. Ce bel oiseau discret migre en Bretagne, notamment à La Vraie-Croix afin de passer l’été dans les Ajoncs d’Europe de la lande de Coët Ruel et d’y nidifier.

La fonction de la lande a évolué dans le temps. Elle a eu au fil des époques des “utilités” différentes. Jusqu'à la mécanisation de l’agriculture dans les années 60-70, les landes étaient primordiales pour l’équilibre agricole à La Vraie-Croix. Monique DANION, ancienne maire et agricultrice de La Vraie-Croix et Reine ... fille de l’ancien éleveur de la ferme de Coët Ruel et Patrick BOUVET en ont témoigné lors d’un partage de souvenirs qui a eu lieu le 4 décembre 2024. Sandra ROUSSELET, adjointe enfance et jeunesse, était aussi présente afin d’en découvrir davantage sur les landes ainsi que leur intérêt. Certains habitants avaient de la lande sur leur parcelle. C'est pourquoi les propriétaires de lande louaient des parcelles à d’autres agriculteurs de la commune, leur permettant de répondre à leur besoin. Les bouts de landes, étaient appelés “moyons de lande” et les commis qui coupaient la lande étaient payés selon la quantité de moyon fauchée. Les agriculteurs valorisaient fortement la lande : ils mettaient leurs bêtes (vaches, chèvres, bœufs, brebis...) à pâturer dans les végétaux landicoles. C’était d’ailleurs souvent les enfants qui gardaient les vaches le jeudi ! Outre la fonction de pâturage de la Lande de Coët Ruel, les agriculteurs avaient pour habitude de couper la lande, tôt le matin. Ensuite, la lande coupée, appelée litière, était broyée au moulin de Coët Ruel et utilisée pour nourrir les bêtes, car à cette époque, la paille était peu utilisée. Accompagnées de leur petit tabouret, les femmes avaient pour habitude de réaliser la traite des vaches, directement dans la lande.  

Depuis le remembrement et l’intensification de l’agriculture, la lande n’est plus utilisée comme autrefois. En effet, les bovins, caprins et ovins ne sont plus nourries avec de la litière de lande, qui autrefois permettait de maintenir constamment une lande pâturée à végétation basse et ouverte. Aujourd’hui, avec l’abandon de ces pratiques, les espèces végétales ligneuses se développent sur la lande de Coët Ruel. En 2017, des brebis ont été mises à pâturer dans cette lande deux fois par an, afin de recréer ce qui était fait autrefois et à des fins médicinales (effet de purge sur les animaux). La lande regorge d’espèces à enjeu, du côté floristique et faunistique. C’est un lieu qui laisse place à l’apaisement pour les habitués et randonneurs et un espace remarquable pour toutes les personnes intéressées par la nature.

 

Cette année, le 13 novembre 2024, une opération technique a été mise en place, au sein même de la lande, où les étudiants (+7 autres étudiants du Lycée de Kerplouz) ont réalisé des actions, afin d’entretenir la lande méso-xérophile (moyennement sèche). Une partie de la lande est actuellement occupée par des Espèces Exotiques Envahissante (EEE), qui sont des espèces vivantes exotiques qui deviennent des facteurs de perturbation nuisibles à la biodiversité bretonne.

Les 11 étudiants ont alors enlevé le maximum de pieds de Raisin d’Amérique. Ces derniers ont ensuite été mis sous sacs poubelle afin que les fruits ne se développent pas. Un autre objectif a été de limiter la fermeture de la lande, qui actuellement (toujours dans la partie sud), assiste à une dynamique pré-forestière. Les landes sont des milieux à sols pauvres en matière minérale comme le Calcium etc et en matières organiques, avec l’apparition de cette dynamique, la forêt enrichit ce sol. Alors il est important d’éliminer cette dynamique afin de favoriser les espèces landicoles héliophiles (qui ont besoin de lumière pour leur développement), comme les Bruyères, les Callunes etc. Pour éviter le développement des ligneux pouvant faire disparaître la lande, les étudiants ont réalisé de l’arrachage et de la coupe de Bourdaine (Frangula alnus), de Châtaignier commun (Castanea sativa), de Pin maritime (Pinus pinaster) ou encore de Bouleau verruqueux (Betula pendula). Ces actions ont pu être correctement menées avec succès, en raison de l’aide du service technique de La Vraie-Croix, (ndlr : Christophe STEVANT).

 

La suite du projet consiste en la rédaction finale du Plan de Gestion 2025-2030, qui sera donné aux différents acteurs : le Conseil Départemental du 56 (CD56) et la commune de La Vraie-Croix. Ce document d’une cinquantaine de pages résumera les différentes étapes de l’étude de la lande, allant des inventaires faunistiques (amphibiens, oiseaux, odonates ...) et floristiques, aux propositions de mesures de gestion sur 5 ans (coupe d’Ajoncs, arrachage d’espèces envahissantes, mise en place d’un suivi faunistique et floristique sur le long terme). Celui-ci sera évalué par leur professeur référent, Philippe Rimasson. Les étudiants auront alors conclu leur travail sur la Lande de Coët Ruel. De futurs projets seront proposés par les professeurs du Lycée Kerplouz-LaSalle, cette fois, ceux-ci porteront sur la création d’animations nature, pour différents publics (scolaire, adultes, personnes en situation de handicap...) et sur de nouveaux thèmes.

En outre, l’entretien de la lande est aujourd’hui un enjeu majeur de la Bretagne. Avant les années 70, la lande en Bretagne représentait plus de 90 % (selon Mickaël PRIME) des sols, aujourd’hui, elle ne représente que seulement 2 % après 2019 selon l’OEB (Observatoire de l’Environnement en Bretagne). Cette diminution entraîne des conséquences majeures sur la biodiversité locale, mais également pour les usagers habitués de ces milieux. Ce sont des habitats magnifiques et qui sentent la noix de coco, en période de floraison des espèces floristiques.

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